18/05/2012
Madagascar

L'Europe cherche à sécuriser son accès aux terres rares

Après avoir fait pression sur la Chine, qui a annoncé restreindre ces
exportations de terres rares, l'Europe cherche à prendre le contrôle de
nouvelles mines, notamment à Madagascar, pour y extraire ces minerais
indispensables à la fabrication de produits high tech. Les Amis de la
Terre dénoncent une nouvelle fois la stratégie européenne qui vise à
sécuriser l'importation de matières premières bon marché malgré les
impacts environnementaux et sociaux liés à leur exploitation. L'Europe
devrait plutôt chercher à en réduire la consommation.

Il y a quelques semaines, les États-Unis, l'Europe et le Japon ont
déposé une plainte à l'Organisation mondiale du Commerce – OMC, contre
la Chine pour protester contre son annonce de restreindre ses
exportations de terres rares. 95 % des terres rares sont actuellement
exploitées en Chine, un monopole qui s'explique par la faiblesse des
législations environnementales et sociales dans ce pays, ce qui a pour
conséquence de réduire les coûts de production. Alors que le dépôt de
plainte a été confirmé, l'entreprise française Rodhia et le groupe
minier allemand TRE ont annoncé aujourd'hui vouloir ouvrir une nouvelle
mine à Madagascar.

Camille Lecomte, chargée de campagne pour des modes de production et de
consommation responsables aux Amis de la Terre s'interroge : "L'exploitation
des terres rares est aujourd'hui possible en Chine car ce pays ferme
les yeux sur les lourds impacts environnementaux et sociaux qu'elle
provoque : destruction de quantité colossales de roches pour extraire
quelques grammes de minerais, rejets de déchets toxiques, pollution des
nappes phréatiques, ouvriers sous payés... l'Europe veux-elle être
complice de l'exportation de ce modèle à Madagascar ?"
Juliette
Renaud, chargée de campagne sur les industries extractives, s'est rendue
à Madagascar en octobre 2011 pour y enquêter sur les activités de
Total. Elle complète : "Sur place, l'impuissance des autorités
publiques à encadrer les industries extractives et leur méconnaissance
des enjeux est flagrante. Tout comme Total, Rodhia et TRE veulent
profiter de la faiblesse de la gouvernance malgache pour obtenir des
concessions défavorables en tous termes : cela annonce une nouvelle
catastrophe sociale et environnementale, sans même une contre-partie
économique pour les populations."

 La prise de conscience de la dépendance des Européens à l'égard de
certaines ressources doit les conduire à limiter leur consommation et
non à cautionner la destruction de l'environnement dans d'autres pays.
Pour les Amis de la Terre, les gouvernements et entreprises européennes
doivent cesser cet accaparement de l'espace écologique des populations
du Sud. L'association appelle à réduire les consommations en allongeant
la durée de vie des produits électriques et électroniques, qui
contiennent des terres rares et autres matières dites "stratégiques".

Les Amis de la Terre